QUELQUES MOTS SUR « EX AEQUO »…

     Délaissant un moment la mythologie, le duo Fergessen revient aux terres arides du Far-Est et devient, en une parfaite anamorphose, duel.  Au soleil – d’un vœu appelé – un soleil écrasant, de ceux qui justifient l’injustifiable. Les deux se tournent autour, Valse sans hésitation, la tension monte, c’est celle de l’Eastern, une nouvelle vague à l’infini régénérée. Nos avenirs ex-aequo, martèlent-ils, lancés par une batterie menaçante, une guitare belliqueuse.

      Sur le champ de bataille, ils sont venus d’un pas décidé, côte-à-côte, pour mieux se faire face, ensuite, sur tous les plans, puis redevenir l’entité pugnace qui revendique. Regards noirs sur blanc saturé, horizons nouveaux et points (poings) à la ligne qu’on assène. Que l’autre ne discute pas. Les avenirs et les amours sont εgzeko, étymologiquement à égalité, usuellement, disait-on, dead-heat.  Sous le soleil lourd et les perspectives des champs de blé, la chaleur promet le pire à celui qui s’opposera à leur essor.

     Fergessen n’oublie rien, c’est l’ironie, mais laisse derrière – la thématique de l’album – et quitte. Pour quitter et pour quitus : qui a payé ses dettes ou en exonère le débiteur : la perspective parfaite d’un recommencement. Ex-aequo ne signifie pas match nul pour autant : le duo, indissociable, a gagné, là où les victimes sont à chercher ailleurs, ou pas.

      Vienne la nuit, sonnent les douze heures zéro zéro, les jours s’en vont, ils demeurent.

      Laurent Cachard, écrivain.

 

Réalisation : STUD-IO, Julien Cuny & Mathias Clavelin.